Un Orage d'Ete
Disclaimer:
Ils ne m'appartiendront jamais, mais en attendant, je peux bien jouer avec...
gratis, non?
Note:
Pour Miranda. Tu m'as fait penser a cette idee toute simple, mais
qui me semblait si douce... Commentaires bienvenus et attendus: amarisee@yahoo.co.uk
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C'était un soir de Juin
comme il y en avait eu, cette année, beaucoup: la chaleur
était presqu'insoutenable, et tous les Nobles de la Cour se demandaient
s'ils pourraient supporter longtemps de se promener dans cet air humide
dans leurs costumes d'apparats qui les faisaient suer a grosses gouttes.
Il était Six heures passées,
mais, les journées étant fort longues en cette fin de mois,
ils n'espéraient pas couper a la promenade finale que la Reine ne
manquait pas de faire dans les jardins de Trianon. Cette dernière
aimait beaucoup la demeure de Trianon, moins formelle que Versailles, et
venait y passer les journées les plus chaudes avec une certaine
tranquillité. D'abord parce que son entourage diminuait en
s'éloignant de Versailles, et puis parce qu'elle pouvait aussi,
le soir tombe, se promener seule et retrouver les sentiments qui avaient
fait le bonheur de sa jeunesse. Elle passait donc son Été
plus ou moins éloignée de la Cour. Les Nobles les plus
fidèles (ou plus dans le besoin) ne manquaient certes pas de venir
la visiter, mais en tout et pour tout, elle se tenait a l'écart
de la politique cet Ete-la, et se disait que la Noblesse n'en mourrait
pas si elle espaçait quelque peu les audiences.
Le Roi lui-même semblait
travailler d'arrache-pied, et s'il n'était pas en réunion
ou dans son cabinet, il aimait toujours a se rendre a sa forge ou il pouvait
disparaître des heures...
Marie-Antoinette vit enfin la
dernière dame de sa suite prendre congé, et elle appela alors
sa femme de Chambre:
"- Pourriez-vous m'apporter
une brosse a cheveux? Il fait bien trop chaud et je vais défaire
ma coiffure."
La jeune fille se hâta
a l'intérieur du bâtiment alors que Marie-Antoinette elle-même
s'empressait de retirer les nombreuses épingles savamment distribuées
qui maintenaient sa chevelure dans ce chignon extravagant. Lorsqu'elle
vit la rivière d'or de ses cheveux s'écouler sur ses épaules,
elle sentit sa tête plus légère.
La jeune servante était
revenue et tendait a Sa majesté une brosse en écaille et
en poil de Sanglier.
"- Je vous remercie, fit la
Reine. Je vais faire quelques pas. Si l'on me demande, je serais
près des anciennes écuries!
- Bien, Madame" fit la jeune
fille en s'inclinant très bas.
Marie-Antoinette commença
a se baisser pour retirer ses bottines, qu'elle déposa sur la petite
table de jardin. Puis elle procéda a l'enlèvement de
ses bas. Par une chaleur si humide, ils collaient atrocement a sa
peau, et ils l'empêchaient de sentir l'herbe fraîche sous ses
pieds.
Elle esquissa un petit sourire
en pensant a la tête de ces dames "des bonnes manières" s'ils
jamais elle avaient vent de ce comportement impudique. Mais elle
continua a ses promener dans l'herbe près des vieux hangars.
Le ciel semblait plus lourds et la chaleur montait, même si le soleil
n'avait pas point a l'horizon depuis de nombreuses minutes.
Elle allait passer les vieilles
écuries lorsuq'elle entendit la voix presqu'enfantine de sa fidèle
femme de chambre:
"- Votre Majesté, Votre
Majesté! Vous avez un visiteur. Je lui ai demande de
vous attendre, mais il m'a suivi! Votre Majesté!"
Marie-Antoinette commençait
a se demander qui pouvait être cet impudent visiteur du soir qui
n'attendait même pas le bon vouloir de la Reine de France, cependant,
lorsqu'elle aperçut la servante suivit d'un grand jeune homme souriant,
elle en oublia jusqu'a son nom.
"- Monsieur de Fersen!
Comme il fait bon de vous revoir. Vous n'aviez jamais daigne venir
me voir dans ce cadre plutôt rural! Comme cela me fait plaisir,
je vais vous montrer, c'est très joli ici!"
Elle lui avait presque saute
au cou, oubliant toutes les convenances. Elle avait beau être
Reine. Ici, dans cette demeure au milieu de la verdure, elle se sentait
avant tout femme. Elle regardait Mr de Fersen bien dans les yeux
et elle avait presqu'envie de pleurer.
Le jeune homme Suédois,
lui, avait aussi de la peine a cacher ses sentiments, et ses yeux étaient
un peu plus humides et brillants que de coutume:
"- Votre Majesté est
trop bonne, je vous remercie de votre accueil alors que je me suis permis
d'être si peu civil avec votre hospitalité. Je tenais
tellement a m'entretenir avec vous loin des oreilles de Versailles, aussi
ai-je attendu!
- Et bien alors, vous avez
fort bien fait! Juliette, rentrez donc a la maison, rassurez-vous,
je suis en de bonnes mains avec Mr le Comte de Fersen. Nous allons
poursuivre notre petite promenade ensemble!"
La jeune fille ne demanda pas
mieux et disparut sans demander son reste. Pourtant, elle avait garde
les yeux grand-ouverts comme des soucoupes. Ils étaient si
transparents. Etait-ce tellement mal d'aimer et d'être aimée,
même si l'on est la Reine de France. Mais Juliette n'était
pas de nature bavarde, et, bien que connaissant le coeur de sa Maîtresse,
elle prenait bien soin d'éviter tous les ragots. Elle pénétra
dans la vaste demeure avec un petit sourire de bonheur a voir ces deux
êtres que rien ne destinait, partager ces quelques brefs moments
de bonheur, et il ne lui venait pas a l'idée de le leur reprocher.
******
Oscar François de Jarjayes
venait de finir une journée difficile. Même les plus
disciplines des hommes, sous l'emprise des éléments, et particulièrement
de la chaleur, pouvaient se montrer difficiles, et elle en avait fait les
frais cet apres-midi la.
Finalement, elle s'apprêtait
a donner l'ordre a André de se préparer a rentrer au domaine
Jarjayes lorsqu'elle sentit les premières gouttes de pluie tomber.
Il ne fallut que quelques secondes pour qu'un torrent ne commencat a se
déverser. Elle regarda autour d'elle. Prudent, son compagnon
André avait reconduit les chevaux a l'écurie et se disait
qu'il vaudrait mieux attendre quelques minutes. A moins d'un orage
complet, a continuer de la sorte, il faudrait bien que la pluie s'arretat
bientôt.
Mais il leva le nez vers le
ciel et seul un éclair lui répondit. Lorsque le tonnerre
commença a éclater, il prit en main les chevaux qu'il tenait
toujours et les conduisit chacun vers leur stalle. Enfin, il prit
grand soin, tout en leur parlant d'une voix douce pour les calmer, de les
attacher a une solide longe et vérifia qu'il ne pouvaient se blesser.
Si il venait a tonner trop fort, lui-même ne pourrait pas les contenir
a la main et pourrait même risquer un accident fatal. Il les
laissa ainsi apprêtés avec regret, puis sortit des écuries
pour courir malgré la pluie torrentielle vers les marches de l'entrée
Sud ou l'attendait Oscar.
"- La parfaite conclusion d'une
parfaite journée, fit celle-ci en le regardant s'ébrouer
comme un jeune chien.
- Je te ferais quand-même
remarquer que moi, je ne t'ai rien fait, et pourtant je prends la pluie
de la sorte pour t'être agréable.
- Tu as tout a fait raison,
comme toujours, mais je te ferai remarquer que je ne tire aucun plaisir
de tes misères, par contre..." continua-t-elle en désignant
du menton un petit groupe qui venait d'apparaître, ruisselant, au
beau milieu de la tempête.
Le petit groupe se composait
de trois femmes en tenues sans doute au préalable impeccables, mais
dont les robes pastel avaient pris un air boueux, collant aux membres et
difficiles a déplacer et qu'elles essayaient de relever pour parcourir
les quelques pieds qui les séparaient de la sûreté.
Leurs perruques étaient défaites et le fard de leurs yeux
coulait a présent sur les joues et se retrouvait même parfois
en une tache sombre sur leurs robes mouillées. Auprès
d'elles, deux gentilshommes en redingotes sombres, qui avaient du avoir
fière allure, ressemblaient a présent a de maigres moineaux,
les queux de leurs vestes
pendant lamentablement et versant
l'eau qu'ils recevaient dans la figure, la tête droite, essayant
de cacher leur mine déconfite.
André regardait ce tableau
en essayant de se contenir de rire, mais Oscar avait sur son visage le
plus lumineux des sourires, et ce fut assez pour l'entraîner.
Les deux amis froncèrent les sourcils et se dirigèrent vers
l'intérieur du palais. Ils reviendraient au Château
Jarjayes plus tard.
Oscar se dirigeait vers le cabinet
de lecture lorsqu'elle fut interpellée par l'un des "moineaux" qui
venait de gagner le nid sec.
"- Mon Colonel! Nous désirions
vous parler. En tant que responsable de la Garde Royale, je suis
sure que vous vous inquiétez de la Sécurité de Leurs
Majestés. Sa Majesté le Roi est bien ici a Versailles,
mais nous venons de quitter le Petit Trianon ou séjourne la Reine.
Il n'y a malheureusement ni gardes, ni nombreux serviteurs, c'est un service
de stricte minimum, mais vous comprendrez bien qu'en de telles circonstances,
nous nous faisions du souci pour notre souveraine. Nous l'avons quittee
il y a a peu près une heure et demi, et elle se retrouvait alors
seule. Avec cette tempête, Dieu sait ce qui pourrait arriver
a Trianon... il y a déjà deux arbres d'abattus près
de l'entrée de Versailles, c'est pourquoi nous avons du marcher..."
Oscar regarda le singulier petit
homme. Il ressemblait effectivement a un petit oiseau mal nourri,
mais il y avait aussi en lui un véritable trait d'honnêteté.
Oscar comprit que le souci était réel. Après
avoir remercie le petit homme, elle se retourna vers André qui était
toujours a ses cotes:
"- Ne bouge pas, André,
je vais demander permission de partir en mission de reconnaissance pour
m'assurer de la sécurité de Marie-Antoinette. Si je
dois partir en plein milieu de cette tempête, je crois bien que j'aurais
besoin de ton aide. Voudrais-tu m'accompagner?
- Bien sur, Oscar, tu sais
très bien que je ne pourrais te laisser seule affronter cette tempête
et que je suis toujours avec toi!".
André avait dit ces mots
avec un ton sur et Oscar, qui aurait autrement rétorqué qu'elle
n'avait pas besoin d'être ainsi toujours accompagnée, se tut
pourtant et ne fit qu'aquiesser d'un petit mouvement de tête.
Plusieurs minutes plus tard,
elle entraînait son compagnon vers les écuries. Monter
a cheval dans ce déluge prouverait fort intéressant...
******
"- J'ai froid, je crois que
je vais attraper mal au bronches!
- Prenez donc ma veste, Madame,
je vous en prie. Je ne me pardonnerais jamais si vous deviez attraper
mal par ma faute.
- Non, Monsieur, cela vaut
bien la peine de passer quelques minutes seule avec vous. Cela vaut
toutes les tortures du monde.
- Ne dites pas cela, je ne
vous veux aucun mal. Ne pouvons nous pas non aimer comme tous les
autres!!!!
- Oh, Fersen!"
Marie-Antoinette était
trempée jusqu'aux os. Elle avait revêtu la veste puis
le manteau du Comte de Fersen et pourtant elle grelottait. Ils s'étaient
retrouve porte par une méchante bourrasque alors qu'ils s'éloignaient
des hangars et le jeune homme avait du s'accrocher a une porte mal fermée
de ses deux poings pour les maintenir en place. Ils avaient réussi
a se glisser a l'intérieur du hagard, mais la toiture s'en allait
déjà pan par pan et la méchante pluie se rapprochait
d'avantage, le vent glaçant la chair de la jeune femme, dans ses
vêtements mouilles.
Ils se tenaient dans le coins
le plus loin de la porte, l'un contre l'autre. Fersen regardant cette
femme qui semblait ne pas trembler que de froid.
"- Je vous en prie, au diable
la modestie! Madame, il vous faut vous débarrasser de certains
de ces atours. Ils sont pleins d'eau et ne font que vous refroidir.
- ... co... comment?...
- Si vous enleviez vos jupons
mouilles, peut-être même votre châle, vous pourriez ainsi
vous sécher quelque-peu. je ne dis cela que pour votre bien.
Il n'y a que cela qui m'intéresse...
- Bien, Monsieur, vous avez
probablement raison... come je me sens si stupide... dans une situation
pareille.
- Mais je la bénis,
Madame, car elle a réuni nos coeur. Pour l'instant, pourtant,
occupons nous plutôt des corps..."
La Reine s'appuya contre le
torse du jeune Suédois pour retirer en effet deux jupons trempes,
et se blottit ensuite contre sa poitrine.
"- Votre amour, Monsieur, est
déjà bien assez pour me réchauffer."
Et il avait d'un doigt levé
son visage vers le sien et poser ses lèvres sur les siennes.
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"-Oscar, attends-moi!" criait le
jeune homme a la furie blonde qui galopait malgré les bourrasques
de vent.
"- André, depeche-toi,
plutôt! Nous ne pouvons pas nous permettre le luxe d'attendre!
- Certes, mais je ne vois pas
de quelle aide nous pourrions être si nous nous blessons parce que
nous ne faisons pas suffisamment attention!
- Tu.. tu as raison" Capitula
la jeune femme, en tirant les rênes pour ralentir sa monture.
Les chevaux étaient d'un
nerveux extrême, le moindre mouvement de branches sur les cotes du
chemin que les cavaliers empruntaient a vive allure, et ils pourraient
se lever ou, avec cette chaussée glissante, en venir a tomber.
Le vent battait les grands arbres et envoyait parfois des bouts de bois
voler en direction des deux amis, qui arrivaient a peine a se tenir en
selle.
Finalement, malgré les
éléments déchaînés, ils arrivèrent
en vue d'une grande demeure et passèrent le portail imposant.
Ils mirent pied-a-terre et se précipitèrent vers la porte.
On leur ouvrit avec difficulté tant le vent contraire avait force.
Une jeune femme, visiblement
apeurée par la démonstration de la nature, leur raconta d'une
voix rapide et pleurnicharde que sa Maîtresse était partie
marcher dans le petit parc. Elle avait parle des hangars, et aussi
des écuries.
Oscar regarda André,
puis lui fit signe de la suivre. Se dirigeant vers la porte, elle
dictait son plan:
"- Nous ne pouvons utiliser
les chevaux, cela aurait été plus rapide, mais je ne pense
pas qu'ils tiendraient une minute de plus. Nous irons donc
jusqu'aux premiers bâtiments ensemble, ensuite, nous nous séparerons.
Tu iras voir les écuries actuelles, j'irai voir le vieux hangars..."
Oscar ne s'était même
pas retourne en donnant ses ordres, mais elle fut surprise lorsqu'elle
sentit une main retenir son avant bras, l'empêchant ainsi d'aller
plus loin.
"- Oscar, je suis désolé
de te contredire, mais dans cette tempête, je refuse absolument de
te laisser aller seule!
- André, je ne suis
plus une enfant, je suis capable d'éviter quelques branchages volant
dans ma direction! Ce n'est pas le moment de faire du sentiment!
- Ce n'est pas du sentiment,
Oscar, c'est du cote pratique dont je te parle. Il ne va as être
aise de se frayer un chemin jusqu'a n'importe quel bâtiment.
Ils ne sont pas si éloignés, donc cela ne nous prendra pas
plus de temps, mais songe que si l'un de nous est blesse, que fera l'autre?
Et comment saura-t-on si l'autre a trouve Marie-Antoinette?
- Je... je dois admettre que
c'est très vrai. Très bien, reste avec moi, mais ne
lambine pas, tu m'entends?
- Bien sur!"
Oscar n'en était pas
sur, mais elle aurait pu jurer qu' André avait prononce ces derniers
mots d'un ton presque joyeux.
Enfin, ils poussèrent
avec peine la porte et sortirent dans le froid glace.
Le vent semblait redoubler de
colère comme pour les accueillir. Oscar jeta un bref coup
d'oeil derrière elle. André, bien que mouille jusqu'aux
os, semblait déterminé et ne la quittait pas des yeux.
Elle lui tendit la main. Il la prit avidement. Après
tout, c'était le moyen le plus sur de ne pas se perdre...
Les deux amis zigzaguaient d'un
arbre a l'autre, se posant pour l'espace d'une seconde a l'abris du tronc,
avant de progresser en avant.
"- Oscar, il y a une porte rouge
droit devant, ce doit être un vieil entrepôt!" indiqua la voix
d'André, a peine audible au milieu du tonnerre qui retentissait
de plus belle. Oscar fit un petit signe de tête et lui intima
l'ordre, d'une pression dans la paume de la main, de poursuivre jusqu'au
premier bâtiment.
Elle avait presqu' atteint la
porte, le bras lance en avant pour tirer le loquet et l'ouvrir, lorsqu'elle
sentit une pression la ramenant trois pieds en arrière. Une
branche grosse comme le tronc d'un homme venait de rouler a terre et avait
heurte André a l'épaule et au ventre. La branche avait
roule, mais le jeune homme se retrouvait a terre. Oscar tira sur
son bras et André se redressa avec peine pour tituber jusqu'a la
paix relative de l'entrepôt. Celui-ci était vide, mais
sec. La toiture avait tenu le coup. L'air était pourtant
difficilement respirable, épais et trouble. Sans doute le
bâtiment avait jadis servi a entreposer le grain, et la farine et
la sciure avaient été soulevées par la tempête.
Mais cela importait peu a Oscar
en cette minute. Elle venait de s'accroupir près de son compagnon
qui se tordait de douleur. Une méchante tache rouge
dénonçait un saignement qui semblait déjà s'aggraver.
Pourtant, voyant l'air inquiet de sa compagne, il essaya un sourire, mais
termina en grimace devant la douleur.
Oscar s'était déjà
saisie du manteau de ce dernier et essayait de l'enlever en sollicitant
le moins de mouvements possibles. Il y avait une grande déchirure
a la taille, mais elle ne semblait pas profonde, par contre, elle n'arrivait
pas a voir parmi les pans de la chemise d'André la blessure d'ou
semblait venir tout ce sang.
"- André, je vais essayer
de retirer ta chemise, ne bouge pas." Le ton était très
préoccupé. Cela glaça le sang d'André.
Comme il avait fait faute a
Oscar. D'abord en proposant son plan, et puis en se faisant blesser,
voila qu'il l'empêchait maintenant de mener ses recherches a bien.
"- Je ne suis qu'un imbécile!"
murmura-t-il pour lui-même entre ses dents.
Mais il n'avait sans doute pas
baisse suffisamment la voix.
"- Quoi? qu'as-tu dit,
André? Et Oscar avait relevé les yeux pour les plonger
avec dureté dans ceux du jeune homme, je ne te permet pas de faire
ce genre de commentaires. Je refuse que tu penses de la sorte.
Cela aurait pu arriver a n'importe qui et cela montre bien que ton plan
était le meilleur!"
Et elle arracha les derniers
pans de chemise, elicitant un cri animal d'André, qui serrait les
dents. La blessure était noire de sang, et profonde.
La branche avait broyé la chair, et laisse des épis de bois
dans la longue entaille. Oscar détourna la tête devant
le spectacle sanglant.
"- Mon Dieu, André, tu
aurais pu perdre le bras... je...je suis désolée, je suis
désolée..."
Ce fut au tour d'André
de se montrer ferme. Il regarda son épaule, puis retira deux
ou trois morceaux de son bras valide. Il prit un morceau encore intact
parmi les lambeaux de sa chemise sur le sol, le mouilla un peu, puis attacha
solidement du mieux qu'il pouvait d'une seule main, son épaule meurtrie.
"- Oscar, maintenant tu vas
m'écouter! Jamais la voix d'André n'avait eu un accent
plus héroïque. Il faut que tu resserres ce bandage du
mieux que tu peux. Ensuite, nous sortirons et irons voir la fin de
ces bâtiments! Je vais bien, ce bandeau de fortune tiendra
bien pour le temps de notre expédition!".
Oscar se retourna pour le regarder.
Elle se rapprocha et tira sur les deux morceaux de tissus qui formaient
le noeud du bandage, et eut du mal a réprimer un haut-le-coeur devant
l'état de la blessure, mais elle voyait maintenant André
d'un tout autre oeil.
Jetant un oeil critique derrière
elle, et voyant André qui s'efforçait de la suivre pas pour
pas, elle poussa la porte et commença sa lutte contre le vent.
A gauche, il y avait une petite porte battante près d'un hangar
a moitié emporte. Elle attendit, au risque de se faire enlever
par une bourrasque, qu' André fut a sa hauteur, puis poursuivit
jusqu'a l'entrée.
Lorsqu'elle poussa le battant,
elle n'aperçut rien. Tout était sombre et la pluie
semblait redoubler dans le local presque sans toit. Puis sa vision
s'habitua aux nuances sombres et elle remarqua une étrange vision
dans le coin le plus éloigné de la pièce.
Une jeune femme, a peine vêtue!,
se réchauffait sur le coeur de son amant dans une étreinte
sensuelle. Leurs lèvres étaient jointes en une prière
l'un pour l'autre, et ce spectacle apportait un éclat de lumière
a ce jour pourtant sombre. Ils n'avaient pas vu l'intrus et continuaient
de puiser de la force l'un dans l'autre.
Aussitôt, Oscar comprit.
Elle vit toute la douceur de l'amour, toute la passion du désir.
Tous ces sentiments qu'elle s'était efforce de refouler depuis son
plus jeune âge, mais qu'une seule personne avait pourtant réussi
a mettre a jour: Fersen.
Et Fersen était la, avec
la Reine, démontrant son coeur et l'élan de ses sentiments.
Jamais Oscar n'avait ressenti
une telle peine. Un poignard aurait pu lui transpercer le coeur qu'elle
l'aurait a peine senti. Elle était vide. Tous ces sentiments
dont elle voulait se défaire, ils venaient justement de lui être
arraches, et elle ne comprenait pas... cela faisait si mal! Elle
avait devant elle le portrait de l'amour, elle connaissait l'attirance
du jeune Suédois pour Marie-Antoinette, alors pourquoi cette image
lui glaçait -elle le sang?
Elle ne dit rien. Blanche
de honte de s'être laissée aller a montrer ses sentiments,
elle se retourna brusquement et ouvrit la porte vers l'extérieur,
les yeux pleins de larmes, bousculant un André ébahi, et
le laissant pour compte alors qu'elle disparaissait parmi les éléments
déchaînés.
Fin
Berusaiyu no Bara; Lady Oscar: All Rights Reserved Ikeda Productions 1972-1973, Tokyo Movie Shinsha Co. 1979-1980.
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