Patience: Chapitre Deuxieme
(Disclaimer: Voir Chapitre 1)
Je sais, les chapitres sont inegaux. Moi, j'aime
beaucoup celui-ci. Tous commentaires a: amarisee@yahoo.co.uk
******
Après un tel congé,
Oscar accueillit son retour a Versailles a bras ouverts.
Lorsqu'elle arriva donc a Versailles
des l'aube, en prenant bien soin d'écarter André en lui confiant
quelque tache secondaire, elle fut presque ravie de l'agitation qu'elle
y trouva. Sa bonne humeur ne dura que peu lorsqu'elle vit l'agitation
de la Reine. Celle-ci sortait d'une éprouvante audience qui
relevait plus de l'accusation sur ses dépenses personnelles, mais
elle sourit en apercevant son Colonel de la Garde.
"- Oscar, désormais,
vous n'avez plus le droit de vous reposer. Je ne sais pas pourquoi,
mais il me semble que les malheurs sont moins lourds a porter lorsque vous
me soutenez.
- Votre Majesté me fait
trop d'honneur, mais la Cour ne s'est pourtant pas arrêtée
pendant mon absence.
- C'est bien la le problème,
mon cher Oscar. Cela ne s'arrête jamais! Et je ne sais
que faire de mes derniers accablements."
Les deux jeunes femmes discutaient
tout en marchant dans un des nombreux parcs de Versailles, choisissant
leur trajectoire afin d'éviter les oreilles curieuses. Les
quelques gens a la suite de Marie-Antoinette étaient de toute confiance,
et ils suivaient a 20 bons pas derrière.
Oscar observait le visage de
la Reine, d'habitude si insouciant par un jour aussi splendide que celui-ci,
mais qui semblait ne s'éclairer que lorsqu'elle levait les yeux
sur son Colonel.
"- Voila, dit celle-ci, enfin,
je sais que je peux vous faire confiance, et j'ai besoin d'un avis bien
sérieux sur une question délicate. je me doute que
le Conseil va régler la question, mais je voudrais bien, pour ma
part, avoir une seconde opinion. Je suis après tout Reine
de France, et je me dois de penser a l'État avant tout. Oscar,
le Trône va mal. Les ragots vont bon train, mais cela n'est
rien en comparaison de notre situation financière... Si une
guerre éclatait, je doute que nous puissions lever une armée.
Peu d'hommes accepteraient un crédit et malheureusement, tous savent
a présent que les coffres sont vides. On me
montre du doigt. C'est
une véritable infamie!"
Oscar s'arrêta net.
Elle était stupéfaite de tant de candeur, mais elle devinait
bien ce qu'il coûtait a Marie-Antoinette de demander son conseil
de la sorte, aussi ne fit-elle aucune remarque inopportune.
"- Votre Majesté se doit
de mener un train digne de son rang, je ne pourrais en dire autant de nombreux
profiteurs a la Cour. Blâmer quiconque ne résoudra
pas cet épineux problème."
Marie-Antoinette s'était
arrêtée elle aussi et rougit violemment.
"- Oscar, fit-elle d'une voix
éplorée, presque celle qu'elle utilisait, petite fille, ou
du moins lorsqu'Oscar l'avait rencontrée pour la première
fois, je pense a vous comme une amie, dites moi, que faire? Avec
les temps qui courent, je doute qu'une augmentation des baux et des taxes
ne suffisent. Je ne peux, malheureusement, pas priver mes amis a
la Cour de leurs rentes...
- Je ne voudrais pas m'avancer
sur un sujet que je ne connaît guère. Si Votre Majesté
désire attendre pour régler ma solde, rien ne me ferait plus
plaisir que de servir Votre Majesté. Pour le reste, je dois
dire que le peuple ne verra pas d'un bon oeil une augmentation des impôts
qui déjà les étouffent. Je conseille a votre
Majesté de regarder dans son patrimoine et de compter sur les vrais
amis de la France...
- Comment, moi, Reine de France,
m'abaisser a mendier? Le ton était incrédule et portait
une note de colère.
- Que Votre Majesté
se rassure. Quiconque a vent des mésaventures du Trône,
s'il est fidèle a l'État, ne pourra s'empêcher que
de vous offrir créance. Vous n'aurez rien a demander."
Cela sembla calmer Marie-Antoinette,
qui repartit d'un pas plus alerte.
Elles ne discutèrent
plus que du temps, des buissons majestueux tailles dans les petits jardins,
des rosaires qui explosaient de couleur, et la Reine semblait rassérénée.
Marie-Antoinette en était a organiser le premier bal du Printemps
("Après tout, cet horrible hiver ne pourra durer encore longtemps!"),
lorsqu'elle s'arrêta dans la grande allée devant les marches
de la deuxième salle de réception, ou l'on pouvait entendre
le son d'un air guilleret au piano.
"- Oh, Oscar, il faut que vous
rencontriez notre dernière venue. Cette une jeune personne
tout-a-fait ravissante et gaie comme un matin d'Été.
Elle n'est pas de grande Noblesse, mais sa maison est bien ancienne et
ses propres terres, dit-on, sont les plus riches du Nord!"
Marie-Antoinette monta prestement
les marches, suivie d'une Oscar un peu éberluée. La
salle de réception était bien ouverte, et quelques une de
ces dames s'y trouvaient attablées. Elles se levèrent
d'un bon en apercevant Marie-Antoinette, et la musique s'arrêta.
"-Non non, Mesdames, je vous
en prie, continuez de bonne grâce. Mme de Roussel, continuez
donc de jouer cet air enjôleur. Votre doigte est très
fin, et j'aime a entendre de la musique gaie!".
Lorsqu'Oscar pénétra
elle aussi dans la large pièce, elle entrevit ces dames murmurer
a son égard et suivit des yeux le son de l'instrument jusqu'a lui.
Assise derrière le grand piano noir, une personne de haute taille,
même assise, le visage fin mais quelque peu trop maquille, semblait
absorbée par la musique. Sa robe d'étoffe verte et
or, somptueuse comme celle d'une Reine, était de la dernière
mode, comme en témoignaient les fines manches recouverte de dentelle
et de soie au poignet, et elle complimentait parfaitement la chevelure
mordorée et sombre, que
l'on devinait abondante malgré le
savant échafaudage de sa coiffure.
Lorsqu'elle eut finit son morceau,
elle se leva avec empressement et passa devant l'instrument pour rejoindre
la Reine. Celle-ci dévorait la richesse de sa toilette des
yeux, mais s'empressa de présenter le Colonel:
"- Colonel Oscar François
de Jarjayes, je vous présente Madame Artemise, Comtesse de Roussel.
Elle nous rejoint seule a Versailles car son malheureux mari est souffrant
et a exprime le profond regret de ne pouvoir se présenter a nous,
mais j'entends bien que le séjour de Mme la Comtesse soit tout de
même des plus agréables.
- Votre Majesté me fait
trop d'honneur, dit-elle en s'inclinant profondément devant Oscar.
Est-ce donc le vaillant Colonel dont vous m'avez tant parle et pour qui
tout le monde, par ailleurs, ne tarit pas d'éloges?
- Madame me fait, elle aussi,
trop d'honneur, et je ne fais que servir Sa Majesté du mieux que
je le puisse."
Mme de Roussel avait un regard
perçant, et Oscar ne put réprimer un vague frisson, qu'elle
ne laissa cependant pas voir. Marie-Antoinette semblait pourtant
enchantée de cette nouvelle connaissance qui lui rappelait l'insouciance
de sa jeunesse par ses discours et ses jeux.
Mme de Roussel, Oscar apprit
bientôt, avait connaissance des difficultés financières
du royaume, et ne voulait prendre part qu'à des jeux auxquels la
Reine n'aurait pas a verser un sou, et elle avait refuse la rente que Sa
Majesté lui avait alloué a son arrivée a la Cour,
déclarant que son bonheur était de pouvoir se mêler
a ces Grandes Figures de la Cour. Elle semblait enchantée
et voulait profiter de la compagnie de la Reine le plus souvent possible.
Ce qui enchantait aussi Marie-Antoinette, s'extasiant devant tant de coeur
et de générosité.
Oscar se mit a penser qu'elle
avait peut-être jugé la nouvelle venue un peu vite, mais elle
n'arrivait pourtant pas a se mettre a son aise en sa présence.
Qu'à cela ne tienne, elle n'avait pas, après tout, a parler
a la Comtesse plus que ne le nécessitait la politesse et elle décida
de se tenir bien loin. Tout en gardant un oeil sur sa crédule
Reine.
Lorsqu'Oscar revint au Château
Jarjayes plus tard cette nuit-la, elle trouva Rosalie et André assis
au salon, chacun ayant visiblement fini ses études ou ses taches,
et ils discutaient maintenant vivement. Elle les rejoignit en un
instant.
"- On raconte que Mme de Roussel
a passe tout son temps a soigner son vieux mari. Elle doit avoir
un coeur d'ange pour aimer un homme qui est trois fois son aine, déclarait
Rosalie, une note d'admiration dans la voix.
- Oh, je ne pense pas que l'amour
eut beaucoup a y voir. Elle était de vielle noblesse, mais
de petits moyens. Qu'en penses-tu, Oscar?
- Je ne tiens vraiment pas
a parler de la Comtesse, Marie-Antoinette m'en a entretenu déjà
toute la journée. C'est fâcheux, d'ailleurs. Elle
passe tout son temps a ses cotes.
- C'est drôle, je ne
te savais pas si cynique. A moins que la Comtesse ne te déplaise,
et ce serait peut-être ton intuition féminine?
- André, tu ne perds
jamais une occasion de te taire. Je t'assure que je ne peux encore
rien reprocher a cette Mme de Roussel, mais l'exclusion de toute autre
rend son importance capitale a la Cour ces jours-ci. J'ai peur qu'elle
n'ait trop d'influence sur la Reine et que celle-ci néglige son
devoir pour s'entretenir de sujets plus légers avec sa nouvelle
amie.
- Tiens, serais-tu jalouse?
- Cette fois, tu ferais mieux
de te taire. Je pense avant tout au Trône de France.
N'est-ce pas la mon devoir?"
Sur ce, elle tourna les talons.
André la suivit du regard. Un regard de regret. Oscar
ne lui avait pas dit trois mots depuis l'altercation de la veille.
"- Bonsoir, Oscar. Fit
Rosalie d'une voix qu'elle voulait moins désespérée.
- Bonsoir", lui répondit
une voix froide, déjà lointaine.
"- Et bien, je ne sais ce qui
arrive a Oscar, mais depuis deux jours, elle me semble bien distante.
André, tu n'en connaîtrais pas la raison?
- J'ai bien peur que oui, Rosalie,
nous avons eu une discussion quelque peu animée hier. Je crois
que j'ai du la blesser. Je t'assure que je n'avais aucune mauvaise
intention.
- Je le sais bien, fit Rosalie,
en étendant le bras pour poser sa main sur celle d'André
qui s'était recroqueville après cette explication.
Tous les deux, vous êtes comme frère et soeur. Tu verras,
cela s'arrange toujours. Mais je m'étonne qu'Oscar se soit
vexée si facilement.
- Je n'ai pas été
très agréable, mais Oscar est forte, elle m'enverra sans
doute promener et se sentira mieux après.
- Tu l'aimes beaucoup, n'est-ce
pas? Moi aussi."
André s'étonna
de ce simple aveu et regarda la jeune femme qui avait laissé sa main dans la sienne. Elle lui renvoya
un regard paisible, et poursuivit avec un grand sourire.
"- Et bien, vous n'approuverez
peut-être pas tous les deux, mais moi, si je rencontre cette fameuse
Comtesse de Roussel, j'entends lui faire comprendre qu'elle est la bienvenue.
Après tout, c'est bien la moindre des politesses?"
Et elle serra fort la main d'André
avant de se lever sans le regarder et lui jeta un "Bonne nuit!" a la dérobée.
André resta assis a regarder
sa main, puis se leva, retira son manteau du dossier de la banquette et
monta les marches jusqu'a sa propre chambre.
Passant devant celle d'Oscar,
il remarqua la feinte lueur d'une bougie derrière la porte et frappa
trois coups.
"- Entre", lui fit une voix
lasse, mais plus amicale qu'il n'avait entendu depuis deux jours.
Il poussa la porte et jeta un
regard sur la chambre d'Oscar. Son amie, d'ordinaire si ordonnée,
avec l'aide de Grand-mère et des domestiques, avait visiblement
redécoré ses appartements: même les chandeliers
semblaient en pagaille! Oscar était assise sur son lit, en
chemise et culotte d'uniforme. Elle semblait morte de fatigue.
"- Oscar, je voulais simplement
te demander de me pardonner pour mes paroles vives d'hier. Je ne
sais pas ce qui m'a pris. Je deviens assez méfiant au sujet de mes
affaires, sans doute après avoir entendu bon nombre de ragots a
Versailles. Et puis, j'ai mal réagi a te voir montrer ta peine.
Tu as raison, ce ne sont pas mes affaires et je n'y ferais plus allusion."
Oscar ne répondit pas,
mais lui intima d'un petit geste de la main de la rejoindre sur le lit.
Elle s'étendit totalement, de sorte que ses pieds touchaient le
sol, ses jambes étaient a moitié sur le lit, mais son dos
reposait sur les couvertures, et André était assis tout proche,
presqu'au dessus d'elle. Elle lui prit aussi la main. André
eut un petit geste de recul lorsqu'il vit les mêmes gestes que Rosalie,
mais il s'agissait d'Oscar, et il se laissa faire. Enfin, elle parla,
d'une voix lente et exténuée:
"- Je sais, André, j'ai
été aussi stupide. Je n'aurais pas du m'emporter lorsque
tu te faisais, somme toute, du souci pour moi. Je crois que j'ai
du mal a accepter tout ce qui se passe a la Cour, ces jours-ci."
Elle se redressa soudainement,
sa main toujours dans la sienne, qu'elle pressait maintenant avec insistance.
Son regard, au même niveau que celui d'André a présent,
avait la même insistance, comme un appel au secours, et André
s'y perdit, au point qu'il demeura muet pour de nombreuses secondes.
"- Tu viendras avec moi a Versailles,
dis-moi?
- Bien sur, Oscar. Tu
sais très bien que je te suivrai, toujours.
- Alors c'est bien. Je
me sens mieux."
Silence encore pour quelques
instants, puis elle relâcha sa main, mais rapprocha son visage du
sien:
"- C'est vrai, n'est-ce pas?
Je le voie dans tes yeux. Comme j'ai pu être aveugle...
Tu aimes cette femme..."
Il y a de ces regards qui vous
empêchent de mentir.
"- Oui" Dit André simplement.
"- Est-elle belle?
- Plus belle que l'aurore.
- Je la connais?
- ... ou tu penses la connaître.
- Elle doit être bien
heureuse d'être aimée d'un homme tel que toi, et bien bête
de ne pas partager ces sentiments."
André ne put réprimer
un petit sourire.
"- Bien, Oscar, puisque nous
avons une journée chargée demain, je crois que je vais aller
moi-aussi me coucher. Désires-tu encore quelque-chose?
Un chocolat?
- Non, je crois bien que je
viens de boire mon dernier chocolat. Figure-toi que c'est aussi le
breuvage préféré de notre chère Mme de Roussel.
- Alors elle ne peut pas être
foncièrement mauvaise!" fit André avec un clin d'oeil,
en se levant.
Il gagna la porte.
"- Bonsoir, Oscar. Ce
soir, je crois que je vais bien dormir!
- Bonsoir, André."
Et il ferma la porte derrière
lui.
Le lendemain, en effet, s'avérait
déjà bien meilleur. Oscar et André avait galopé
de bon matin a Versailles. Le temps semblait tenir au beau fixe,
et les jardins resplendissaient. Des qu'elle mit pied a terre, un
laquais vint convier Oscar a rejoindre la Reine dans le petit salon, celui-la
même ou le piano de Mme de Roussel y sonnait presque quotidiennement.
André se pressa derrière
Oscar qui marchait a grand pas dans les couloirs immenses du palais, son
pas résonnant de décision. Lorsqu'ils pénétrèrent
dans la pièce, la Reine était effectivement occupée
a discuter avec la Comtesse qui s'était installée derriere
le clavier. Oscar salua ces dames et s'empressa de demander la raison
d'une telle urgence.
La Reine était exubérante.
Elle manqua presque de sauter de joie.
"- Cher Colonel, figurez-vous
que Mme de Roussel a pris la décision d'acheter une demeure que
la Couronne possède, a dix lieux d'ici. Elle pourra ainsi
rester a la Cour et me ravir de sa compagnie pour longtemps. Le Roi
a donné son accord, puisqu'il s'agit d'un domaine dont nous pensions
nous défaire assez rapidement de toute façon. Vous
n'êtes pas sans connaître nos difficultés..."
Oscar approuva de la tête:
"- Certes, Votre Majesté,
j'en suis ravie et je souhaite a la Comtesse tout le bien du monde dans
sa nouvelle demeure, mais comment cela me concerne-t-il donc?
- Oscar, après avoir
entendu le récit de vos exploits, et avoir compris votre vrai nature...
Marie-Antoinette fit une pause... Je crois que la Comtesse, fort
fine, avait deviné de toute façon. Oscar, vous ne m'en
voulez pas?
- Votre Majesté, comment
pourrais-je vous en vouloir? Je suis votre humble serviteur.
(salut)
- Allons allons, Oscar... j'en
viens donc au fait: Voila, la Comtesse a exprimé le désir,
puisqu'apres une fâcheuse histoire qu'elle m'a conté, elle
ne fait plus confiance aux fonctionnaires, encore moins ceux investis de
l'argent des autres, elle désire que ce soit vous qui vous occupiez
des démarches et lui remettiez en personne les titres de propriété.
Elle se sentirait plus rassurée entre vos mains. N'est-ce
pas ce que vous m'avez dit, mot pour mot, ma chère amie?
- Oui, Votre Majesté",
fit la Comtesse en se levant du tabouret et en esquissant elle aussi une
petite révérence.
Oscar était époustouflée.
Quelle était donc cette intrigue?
"- Alors, Oscar, que dites-vous?
Je vous en prie, faites plaisir a votre Reine. La Comtesse s'est
d'ailleurs montré fort généreuse dans son prix d'achat.
- J'entends bien aider ma Reine
du mieux que je le peux, et je ne voudrais pas l'avilir par un don ou prêt
d'argent, alors cet achat me semble parfait! Renchérit la
Comtesse. D'ailleurs, c'est parce qu'une forte somme est concernée
que je ne voudrais que le plus droit et noble serviteur de Sa Majesté
comme intermédiaire.
- J'entends cela, Madame, et
je vous remercie pour Elle, fit Oscar d'une voix pincée. Il
ne me reste plus qu'à quérir ces documents au plus vite et
nous pourrons commencer cette délicate transaction tout de suite."
Marie-Antoinette était
aux anges. Elle regardait ses deux amies tour a tour, et pour un
court instant, elle oublia le fardeau d'être Reine. Oscar recula
d'un pas, s'inclina pour signifier son congé, lorsque la Comtesse,
atteinte par la gaieté de la Reine, s'exclama a son tour:
"Non non, Mademoiselle Oscar,
puisque c'est votre titre, restez donc avec nous un instant. Vous
plairait-il que je vous joue quelque morceau? Sa Majesté dit
que mes doigts sont fort agiles... Oh! Mais qui est donc votre
charmant compagnon?"
La Comtesse venait de découvrir
André, qui était demeuré dans l'ombre, près
de la porte, ne souhaitant nullement se mêler des affaires royales,
et bien trop amusé par le spectacle qui se jouait devant lui.
Cependant, son sourire s'effaça
très vite lorsque tous les regards se portèrent sur lui.
Oscar lui fit signe d'approcher,
et la Reine reconnut le jeune homme comme le fidèle compagnon de
son Colonel. Elle fit mine de gronder Oscar d'une voix légère:
"- Colonel, il n'est pas très
poli de ne point présenter ses serviteurs lorsqu'ils se trouvent
dans la même pièce qu'une dame! Mme de Roussel, vous
avez vu, en a été fort surprise...
- Je m'excuse, Votre Majesté,
mais la gravite de l'affaire dont nous discutions m'a fait oublier mes
devoirs les plus élémentaires. Mme la Comtesse de Roussel,
ce jeune homme est a mon service, et il ne demande qu'à être
du votre si vous le désirez. Son nom est André Grandier.
- André? Je saurai
m'en souvenir", fit celle-ci avec un regard appreciatif a peine dissimulé.
André n'avait pas demande
son reste et avait reculé de lui-même, pour se retrouver assez
près de son premier poste. Oscar salua finalement, et la Comtesse
n'insista pas. La Reine désirait entendre cette fameuse sonate
qui faisait fureur dans tout Paris et il se trouvait justement que la Comtesse
venait de l'apprendre. Les deux femmes firent leurs adieux, la Comtesse
ne cachant pas un regard traînant sur André, qui s'inclina
ceremonieusement, mais dont le sang s'était glace au contact de
ce regard acéré.
Il ne doutait plus, a présent,
des instincts d'Oscar, mais il n'imaginait pas le pire...
Chapitre Troisieme
Berusaiyu no Bara; Lady Oscar: All Rights Reserved Ikeda Productions 1972-1973, Tokyo Movie Shinsha Co. 1979-1980.
|