Tempete Interieure
Disclaimer:
Ils ne m'appartiennent toujours pas... mais je persiste. Pas
de revenus, mais beaucoup d'idees!
Comme d'habitude, tous commentaires bienvenus a:
amarisee@yahoo.co.uk
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Oscar avait couru parmi les éléments
déchaînés pour ce qui lui avait semble des minutes
interminables. La pluie battante sur son visage emportait avec elle
les larmes que la jeune femme s'en voulait de verser. Elle fut heurte
a de nombreuses reprises par des branches et des feuilles qui ne parvenaient
pourtant pas a arrêter sa course folle. Elle sentait le désespoir
le plus profond lui donner la tragique détermination de ceux a qui
la passion donne une force irréelle. Son tourment intérieur
lui semblait tellement plus puissant que ces rafales, et elle courait,
la tête pleine de ses propres bourrasques, ces sentiments étouffés
qui avaient choisis ce moment
maudit pour resurgir.
Finalement, la colère
la quitta et elle s'effondra au pied d'un vieil arbre, secouée par
ses sanglots trop longtemps retenus, par les élans de son coeur
trop longtemps ignores.
Après plusieurs minutes
a essayer de se protéger au mieux, elle aperçut au loin la
porte rouge du vieil entrepôt a grain qui les avait momentanément
hébergés dans cette furie de la nature. Se relevant
avec peine, il lui semblait que son corps, a présent, ne lui répondait
plus. Elle poussa pourtant la porte alors que ses forces venaient
de l'abandonner.
******
André s'apprêtait
a prendre la suite d'Oscar lorsqu'une douleur lancinante le prit.
Il s'accrocha au bois de la porte et pénétra dans le hangar
mal protégé de l'intempérie, cherchant a apaiser sa
douleur. Oscar venait de le quitter comme une furie, sans dire mot,
et, malgré le vent et la pluie, il avait vu que ses yeux brillaient
de larmes. Elle l'avait repousse dans sa hâte et son épaule
le faisait maintenant énormément souffrir. Il s'accroupit
derrière la porte mal fermée.
Dans l'obscurité, un
bruit de pas lui fit pourtant redresser la tête. Fersen.
Une Fersen sans manteau, aussi glace que lui, mais qui pourtant, avait
le teint rose des hommes heureux. Il reconnut aussitôt le compagnon
d'Oscar:
"- André! Mais
que faites-vous donc ici? fit-il très fort pour couvrir le
tonnerre. Sa voix n'était que sollicitude.
- Je... nous vous cherchions.
Ou plutôt, nous cherchions la Reine. Je n'ose imaginer que..."
Mais Marie-Antoinette s'était
déjà rapprochée et André inspecta son état.
Court vêtue sous un trop long manteau militaire. Il ne put
s'empêcher de blêmir, car il venait enfin de comprendre le
tourment de sa compagne.
"- André! Vous
voulez dire qu'Oscar... fit encore la voix de Fersen
- Mais vous êtes blesse!
s'écria alors Marie-Antoinette.
- Non, ce n'est rien, j'ai
bien fait le chemin jusqu'ici. J'avoue que cela me lance pour l'instant,
mais je vais bien. Votre Majesté, comment vous portez vous?
- Je suis indemne. Monsieur
de Fersen a eu la délicatesse de s'occuper de moi.
- Et bien je pense que vous
êtes en sécurité ici-même. Ce n'est vraiment
pas le moment d'essayer de braver les éléments en ce moment",
poursuivit André, en essayant de garder sa voix neutre devant le
couple qui s'était approche l'un de l'autre.
La Reine eut un mouvement de
tête en direction de la porte qui battait toujours malgré
le poids d'André contre elle.
"- En effet, je crois que nous
ferions tous mieux d'attendre une accalmie! conclut-elle
- Vous... Votre Majesté,
je ne voudrais pas vous abandonner, mais Oscar est aussi partie a votre
recherche, et maintenant que je vous sais l'un et l'autre sains et saufs,
il vaut mieux que je parte moi-même a sa recherche.
- Oscar, fit le Jeune Suédois,
accable. Elle... elle sait donc que nous sommes ici?"
André fut trouble par
ce commentaire. Visiblement, ni Marie-Antoinette ni Fersen n'avait
remarque la jeune femme qui les avait surpris. Que pouvait-il dire?
Pouvait-il avouer que celle-ci le savait pertinemment et que c'était
pour cette raison qu'elle s'était enfuie comme une démente
dans la tempête?
"- Euh, non, je crois qu'elle
vous cherchait de l'autre cote, mais je me dois de lui dire que vous êtes
saufs afin qu'elle-même ne se mette pas en danger. S'il vous
plaît!"
André s'était
redresse, mais il ne put réprimer une grimace lorsqu'il sentit les
muscles de son bras se serrer, et le sang recommencer a couler de plus
belle. Marie-Antoinette ne disait rien, mais Fersen lui posa la main
sur son épaule indemne:
"- C'est de la folie, dans votre
état! Peut-être que je pourrais..."
Mais il n'alla pas plus loin,
le regard glace que venait de lui lancer André l'arrêta avant
qu'il ne puisse formuler sa pensée.
"- Non, je me dois d'y aller.
Que dirait-on s'il vous arrivait malheur, a vous? Et puis, il vous
faut protéger Votre Majesté. Non, il est plus
simple que j'y aille moi-même", rugit-il, et il ajouta, un peu plus
bas, "et puis, je connais Oscar...".
Fersen n'insista pas.
Il se tourna vers Marie-Antoinette qui avait fait une petit "oui" de tête,
et il recula d'un pas.
"- Surtout, André, prenez
soin de vous... et ramenez-nous Oscar!"
André n'aurait pu dire
qui avait prononce ces derniers mots car il s'était déjà
précipité au milieu du torrent, et il n'entendait déjà
que les grondements du tonnerre.
******
Assise sur ses jambes repliées,
le visage dans ses mains, Oscar ne sentait plus l'atmosphère étouffante
de la farine qui volait a travers l'entrepôt.
"- Fersen... Est-ce donc
ce a quoi sert un coeur? Je savais, oui, je savais, mais pourtant...
Et vous, saviez-vous? Quand vous regardiez son visage avec l'extase
dans laquelle je vous ai surprise, pensiez-vous, ne serait-ce qu'un instant,
a moi? J'ai eu beau me mentir... Mais j'ai compris a présent.
Ce n'était pas me mentir que de me conduire en homme, c'était
me mentir que de me dire femme."
Et elle redressa la tête
avec un regard déterminé, presque fou. Ses joues couvertes
de farine montraient deux sillons noirs, le sillon de ses larmes, et elle
se frotta vigoureusement le visage de sa manche.
"- Je ne vous en veux pas...
comment pourrais-je vous en vouloir, alors que j'envie les quelques instants
de bonheur que vous pouvez trouver... Moi, je n'ai pas le choix.
Non, jamais plus je ne veux avoir le coeur d'une femme. Fallait-il
que je comprenne, en cet instant fatal, que je vous aime? Je... je
n'ai plus la force de vous détester... vous me rendez si faible,
si faible..."
Et elle laissa retomber sa tête
entre ses mains. Elle resta ainsi immobile, a laisser la tempête
se calmer, alors que ses tourments ne semblaient jamais s'achever.
Soudain, elle sentit une grande
bourrasque envahir la pièce. Levant vaguement les yeux, elle
entrevit la porte s'ouvrir, et une forme vacillante se laisser tomber de
l'autre cote.
"Fersen!" pensa-t-elle
dans un moment de folie, et elle se redressa d'un bond. Mais lorsqu'elle
s'approcha de la silhouette a terre, elle ne vit qu'un visage: celui de
son ami, qui la regardait a présent avec un soulagement évident.
Elle le tira par son épaule valide et l'aida a se redresser.
"- Et bien, fit celui-ci d'une
voix fatiguée, mais qui se voulait enjouée, te voila donc.
Au moins tu as eu le bon sens de t'abriter!"
Le commentaire fit mouche et
elle le toisa d'un regard froid;
"- Et que veux-tu donc dire?
- Je veux dire, ma chère
Oscar, que je t'ai perdu de vue. J'ai trouve la Reine, qui est en
compagnie du Comte de Fersen, donc tout laisse a supposer qu'elle est entre
de bonnes mains, et que maintenant je te sais saine et sauve... que crois-tu
donc que je disais?
- Je... je ne sais pas.
Je crois que j'ai eu un fâcheux coup de froid... je suis fatiguée.
Mais toi... Mon Dieu! André!" s'ecria-t-elle avec effroi.
Le jeune homme venait de vaciller.
Elle voyait a présent le bandage de fortune, bien que rince par
la pluie, s'emplir de nouveau de liquide rougeâtre et elle fut près
de lui en une seconde.
"- Viens donc t'asseoir.
Et pas de mouvement brusque! Je... je te remercie d'être venue
m'informer.
- Oui, ca va déjà
mieux, fit André en s'appuyant sur le mur, merci!"
Un lourd silence inconfortable
s'installa entre les deux amis. Finalement, ce fut André qui
le rompit, comme a son habitude, d'une voix douce:
"- Tu les as vu, n'est-pas?
Ne m'en veux pas, Oscar, je ne suis pas non plus aveugle. Je sais
que tu t'es enfuie, tout-a-l'heure. Je ne te fais pas de reproche.
Dieu sait que je ne suis pas la meilleure personne pour te faire des reproches.
Enfin... ils vont bien, tous les deux. Ils sont a l'abris.
Ils n'ont qu'à attendre la fin de cette tempête, comme nous!"
Oscar n'avait pas bronche, mais
elle avait visiblement blêmi. Elle n'osait regarder son compagnon
en face.
Ainsi, André savait.
Bien sur! Elle ne pouvait jamais garder longtemps un secret du jeune
homme. Comment connaissait-il son coeur? Cela la fit rager,
et elle se demanda un instant si elle était aussi transparente,
puis elle se calma, comprenant que son ami ne lui voulait que du bien.
Peut-être aurait-elle du se confier? Mais comme il lui semblait
ridicule que deux "hommes" se confient leurs histoires de coeur!
Cette pensée la fit sourire,
et André la regarda avec surprise. Enfin, elle se tourna vers
lui:
"- Tu sais, n'est-ce pas?
- Oui, Oscar. Je ne suis
pas aveugle. Il n'y a pas a avoir honte. Même le Roi
a des sentiments.
- Le Roi? que voila une
étrange comparaison, je me demande si elle est flatteuse?
Mais, toi, André, comment as-tu su?
- Parce que je te connais,
Oscar. Tu ne peux rien me cacher! Je plaisante, mais tu te
débrouilles plutôt bien..."
Elle le regarda avec incrédulité:
"- ... plutôt bien?
je ne peux souffrir la vision de Monsieur de Fersen, et tu penses que je
me débrouille plutôt bien? Et bien moi je ne suis pas
une Sainte Nitouche de la Cour qui s'extasie et qui pleure, André!
- Calme-toi, Oscar. Tout
ce que je veux dire, c'est que tu n'as pas a avoir honte d'avoir des sentiments.
Tu ne dois pas avoir honte, jamais!"
Et il avait dit les derniers
mots avec une telle conviction que cela apaisa pour un instant le coeur
tourmente d'Oscar.
"- Je ne te savais pas si grand
philosophe...
- Je ne suis pas philosophe,
Oscar, mais je vis, moi aussi."
Comment avait-elle pu ne pas
y penser? Comment avait-elle pu oublier le dévouement de son
ami? N'etait-il pas toujours avec elle pour l'aider et la soutenir?
Etait-ce pour cette raison que jamais elle n'avait considéré
qu'il put avoir sa propre existence? Une existence ou, peut-être,
elle n'était pas présente, une existence ou lui aussi, avait
ses propres sentiments, ses propres désirs? Comment avait-elle
pu nier l'existence d'un homme, la, si près, si près d'elle?
La réalisation la gifla
en pleine figure. Elle le considéra longtemps, de la tête
au pied, comme si elle le voyait pour la première fois. Il
avait baisse la tête, ses traits se tirant un peu alors qu'il bougeait
a peine son épaule blessée.
André. Son ami.
Un homme. Bien sur qu'il savait. Peut-être même
qu'il comprenait?
"- André, fit-elle d'une
voix étranglée, je ne sais pas si je devrais te dire de telles
choses, mais je voulais te remercier. Pour tout. Je ne sais
plus ou j'en suis.
- Et bien au moins tu pourras
tout reconstruire, de la meilleure façon qu'il soit, fit André
d'une voix chaude. Je dois t'avouer..."
Oscar avait tourne la tête
dans sa direction.
"- Non, Oscar, ... rien, oublie
ce que je viens de te dire."
Silence encore, pour d'interminables
instants. Puis André commença a tousser. Pour
chaque quinte de tout, tout son cors se soulevait, et son épaule
venait heurter le mur a chaque fois qu'il retombait. Oscar se leva
d'un coup et le prit par les épaules. Il gémit en sentant
les doigts acérés contre sa blessure, mais elle l'attira
contre elle, et la toux s'arrêta, son épaule lui fit moins
mal. Elle le déposa contre le mur a nouveau sans un mot.
Finalement, cette fois-ci, ce
fut Oscar qui rompit le silence par une exclamation de colère:
"- Ne vois-tu pas, André?
Tu risque ta vie parce que je m'enfuie devant un spectacle pitoyable!
Qui suis-je donc pour ne pas savoir dompter mon coeur! Quelle faiblesse!
Je n'en veux pas, tu comprends? Je ne veux pas de ce coeur qui me
fait souffrir, CA NE SERT A RIEN!!!!! A RIEN!!!!"
Et elle s'était redressée,
les yeux flamboyants de colère. De honte. De l'admission
de ses propres faiblesses. Les larmes lui vinrent aux yeux:
"- Je veux que cela cesse, André,
je veux que ca s'arrête!"
Malgré sa douleur immense,
le jeune homme s'était rapprochée d'elle, avec un effort
surhumain, il parvint a s'asseoir en face d'elle. Elle pleurait,
maintenant, des larmes de rage, des larmes qui faisaient mal, qui forçaient
leur chemin dans tout son corps, et André sentit ses propres yeux
se remplir. Il ouvrit les bras, malgré la douleur toujours
présente, et l'attira doucement contre
lui.
Elle était aussi légère
qu'un ange, et sa chaleur l'emplissait d'un sentiment de bien-être
infini. Il se blâma de ressentir une telle émotion alors
qu'elle-même était si malheureuse dans ses bras, mais elle
était la, sa tête soyeuse reposant contre son épaule,
quelques mèches se mêlant au sang qu'il laissait couler, sans
vouloir que cet instant s'arrête.
"- Non, ne dis pas cela, Oscar.
Ne dis jamais cela. Avoir un coeur, c'est être en vie, et il
vaut mieux souffrir que de ne rien sentir. Oh, Oscar, tu ne connais
que le malheur de l'amour, mais je t'assure, il y a un bonheur qui éclaire
toutes les tempêtes! Cette tempête, c'est dans
ton coeur, et tu sais, il y a toujours une accalmie après l'orage!"
Elle le tenait contre elle.
Désespérément. Il semblait emporter ses larmes,
lui rendre son chagrin plus doux. Elle se perdait dans la chaleur
de ce corps d'homme, cette puissance qu'elle devinait sous la douceur.
La douceur de son amie. Elle se sentait mieux.
Lorsqu'elle s'écarta
enfin, il ne se retint plus et s'écroula a terre, livide.
Elle le retourna doucement, regardant la blessure d'ou le sang continuait
de s'échapper. André ne bougeait plus, les traits pales,
figes dans un rictus infâme de douleur. Elle chercha un battement
de son coeur, et n'en trouva pas signe...
Fin
Berusaiyu no Bara; Lady Oscar: All Rights Reserved Ikeda Productions 1972-1973, Tokyo Movie Shinsha Co. 1979-1980.
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